Communauté

Qui sommes nous ?


« Qu’il est bon, qu’il est doux pour des frères, de vivre ensemble et d’être unis. »

PSAUME 132

L’Abbaye de Cîteaux est une communauté de l’Église Catholique Romaine, de l’Ordre des Cisterciens de la Stricte Observance qui compte une vingtaine de frères engagés à suivre le Christ selon les coutumes cisterciennes, dans la prière, le travail et la lecture. La communauté est riche de sa diversité, dans les âges, les origines sociales ou géographiques, les sensibilités personnelles. Elle est unie pour l’amour du Dieu vivant.

Actuellement, l’un de nos frères vit dans un ermitage en Ardèche, l’un est secrétaire de notre abbé général à Rome et 4 vivent en Norvège, notre fondation de 2009.

Lors de leur engagement définitif, la profession solennelle, les moines font vœu d’obéissance, de stabilité et de conversion de vie. Chacun de ces vœux a une expression concrète immédiate et une large perspective. L’obéissance consiste à faire ce qu’on nous dit de faire, mais aussi à intégrer dans sa représentation personnelle du monde ce qui nous est dit par un autre. La stabilité est l’engagement à vivre dans la même communauté jusqu’à la mort, mais aussi la ferme résolution d’apprendre à aimer les frères qui composent cette communauté. La conversion de vie prend la forme très concrète de vivre selon les manières de vivre de Cîteaux, avec un horaire, un type de travail, un esprit de famille singulier, mais c’est aussi le lent processus de correction du mal et d’amour du bien dans lequel un frère apprend à ressembler à Jésus Christ.

La communauté de Munkeby, en Norvège

Le lieu, notre monastère, est situé près des ruines de l’ancien monastère cistercien de Munkeby, sur la commune de Levanger, à 60 kms de nos sœurs cisterciennes installées sur l’île de Tautra. Notre monastère est entre deux lieux importants de pèlerinage : la cathédrale de Trondheim (Nidaros) où était enterré le saint roi Olav et Stiklestad, lieu de sa mort sur le champ de bataille.

La communauté est composée actuellement de 4 frères, 3 viennent de Cîteaux et un frère vient de Mellifont en Irlande.

Notre vie monastique, en Norvège, a commencé en 2009.
Fin 2021 a commencé la construction de notre nouveau monastère qui s’est achevée en mars 2023. La communauté s’est installée dans le nouveau monastère et a commencé de prier dans sa nouvelle église à Pâques 2023. La dédicace de l’église a eu lieu le 5 décembre 2023. Nous menons la vie cistercienne commune à tous nos monastères. Nous vivons du travail de nos mains, essentiellement de notre fromage. Une nouvelle fromagerie a été construite en 2017. La première maison où nous avons vécu pendant 14 ans, située tout près du nouveau monastère, est maintenant utilisée comme hôtellerie, principalement pour des personnes venant faire des retraites, ou des volontaires venus nous aider.

L’esprit cistercien

On nous demande souvent :

« Êtes-vous bénédictins ou cisterciens ? »

Nous sommes bénédictins puisque nous suivons la règle de Saint Benoît, mais c’est cette règle de saint Benoît que les fondateurs de Cîteaux ont cherché à relire en leur temps pour la vivre avec droiture. Leur lecture et leur pratique de la règle ont donné naissance à la réforme cistercienne.

Notre vie est le fruit d’une expérience séculaire. Ceux qui nous ont précédés dans la vie monastique aimaient la Règle, les frères et le lieu. Ils ont vécu ici, construit ces bâtiments, mis par écrit la beauté et l’amour qui les ont animés. Pour nous qui marchons sur leurs traces, cet héritage est une tradition vivante, source de vie que nous recevons avec reconnaissance et liberté. A leur école, rien de dur ni de pénible, seulement le lent et persévérant apprentissage de l’amour.

Lorsque le jeune Bernard de Fontaine entre à Cîteaux, en 1113, avec une trentaine de compagnons, la réforme se cherche encore. Par ses dons d’entraîneur et d’homme de lettres, celui qui deviendra Bernard de Clairvaux a suscité une école de spiritualité : de nombreux auteurs recueillent l’héritage des Pères de l’Église, et forgent un langage d’une remarquable sensibilité qui témoigne de leur expérience spirituelle. Nous reconnaissons ces auteurs comme « nos pères » dans la vie cistercienne.

Nos pères nous ont transmis une aspiration à la simplicité, à la communion fraternelle et à la vie retirée. Ils ont exprimé ces valeurs dans un art de vivre et d’habiter dont nous sommes aujourd’hui les héritiers.

La simplicité

Ce dépouillement s’exprime dans l’architecture, mais aussi dans une certaine austérité de vie et dans une liturgie sobre et belle dont les livres de chœur sont les témoins. Cette simplicité n’est toutefois pas une stricte pauvreté matérielle : si les frères ne possèdent rien en propre, la communauté dispose de moyens de production qui lui permettent de vivre en gardant sa liberté vis-à-vis de la société qui l’entoure. L’art cistercien est sobre, mais cette économie de moyen est aussi une recherche de beauté qui exprime le mystère de Dieu.

La communion fraternelle

La communion fraternelle se manifeste dans un silence qui est choix d’une qualité de relation, avec Dieu et avec les frères. Elle s’exprime par une aide réciproque entre les frères pour aller d’un même pas dans la maison de Dieu.
Cette entraide est aussi instituée entre les monastères par la pratique de la Charte de Charité : les monastères ne sont pas dépendants les uns des autres dans une relation hiérarchique, mais ils choisissent de s’apporter un soutien fraternel au moyen des institutions du chapitre général, de la filiation, et de la visite régulière.

Le retrait du monde

Au Moyen Âge, les monastères étaient des lieux de rencontre entre seigneurs. Les premiers cisterciens se démarquent de cette pratique : les « grands » ne viennent pas à Cîteaux pour tenir leur cour. Ce retrait n’est toutefois pas une rupture : Cîteaux comme la plupart des abbayes cisterciennes, est construite à proximité de grands axes de communication, mais légèrement à l’écart de ces axes. Selon une étymologie (probablement fausse mais dont l’usage est significatif) Cîteaux signifierait « avant la troisième borne » (cis-tertium), c’est-à-dire le lieu qui se situe à trois mille pas du village le plus proche, ce qui est une distance significative d’un retrait qui n’est pas rupture.

Comment vivons-nous ?


Pour Saint Benoît, le monastère est une école du service du Seigneur. Pour nos pères cisterciens, le monastère est une école de l’amour. L’un et l’autre vont ensemble : il n’y a pas de plus beau service que d’aimer, et il n’y a pas d’amour plus vrai que de servir.

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
Tu aimeras ton prochain comme toi-même !

Matthieu 22, 37 ; 39

Il y a donc trois amours à pratiquer : l’amour de Dieu, l’amour de soi-même, et l’amour du prochain. La vie cistercienne a développé trois arts qui forment ensemble un art de vivre

  • L’art de la recherche de Dieu
  • L’art de la connaissance de soi
  • L’art de la fraternité

Pour pratiquer ces arts, différents moyens nous sont donnés : la prière, le travail, la lecture, la vie commune, l’ascèse. Chacun de ces moyens concerne tous les arts à la fois. Le travail ne contribue pas moins à la recherche de Dieu que la prière. Ce qui ne veut pas pour autant dire qu’il peut s’y substituer. La règle recherche un équilibre entre ces moyens : aucun n’est suffisant, aucun n’est secondaire.

La vie commune

« Qu’il est bon, qu’il est doux pour des frères, de vivre ensemble et d’être unis. »

PSAUME 132

Une communauté, c’est d’abord des frères qui vivent ensemble. Nous menons la vie commune, dans les deux sens du terme. C’est-à-dire à la fois une vie en commun, et une vie somme toute assez banale. Il y a un terme technique pour l’exprimer : c’est la vie cénobitique

L’ordinaire de nos jours, dans sa succession de prière et lecture, de travail, de repas et repos, est le lieu de l’accueil de la vie surnaturelle. La règle ne nous demande pas d’accomplir des œuvres prodigieuses, ni de faire des exploits ascétiques. Elle exige par contre une humble fidélité dans les petites choses.

Tous nos lieux de vie sont communs, et nul n’y a vraiment d’espace propre. Nous prions ensemble à l’oratoire, nous mangeons ensemble au réfectoire, nous lisons ensemble au scriptorium… La présence des frères est parfois le lieu du combat spirituel mais elle est surtout à la fois encouragement, réconfort et exhortation.

« Comment seras-tu doux s’il n’y a personne pour s’opposer à tes volontés… »

Basile de Césarée, Grandes Règles, n°7

Nous faisons le choix de vivre ensemble jusqu’à la mort. Les anciens donnent le témoignage des longues fidélités : ils ont duré dans les choses dures ! Ils ont besoin de soutien et d’affection dans la grande épreuve de la vieillesse. Les jeunes apportent leur dynamisme. Ils ont besoin d’apprendre une « allure monastique ». Les frères d’âge intermédiaire portent le poids du jour. Ils ont besoin de la force de la jeunesse et de l’espérance qu’offre le grand âge. C’est ainsi que forces et faiblesses s’agencent harmonieusement.

Le silence

Dans cette vie fraternelle intense, le respect du silence est gage de recueillement et de respect. En lui, chacun demeure en Dieu. En lui, l’accueil de la parole d’un frère ou l’accueil de la Parole de Dieu deviennent possibles : le silence est le choix d’une qualité de relation.

Il faut aussi reconnaître que la parole est souvent utilisée pour « maudire les hommes faits à l’image de Dieu » (Lettre de saint Jacques), et donc qu’il vaut mieux se taire.

Mais apprendre à garder sa langue est un long chemin : « Bêtes sauvages et oiseaux, reptiles et animaux marins de tout genre sont domptés et ont été domptés par l’homme. La langue, au contraire, personne ne peut la dompter : c’est un fléau sans repos ! » (Lettre de saint Jacques).

Pour nous aider dans le domptage de cet animal sauvage qu’est la langue, nous avons des lieux et des temps pour parler, et d’autres lieux et d’autres temps pour nous taire.

Le discernement communautaire

Ce choix de vie cénobitique s’exprime aussi dans un mode de gouvernement : toutes les affaires importantes sont discutées en communauté. Pour les choses de moindre importance, nous discutons dans des conseils spécifiques. Chacun est invité à donner son avis en toute humilité et soumission (Règle de Saint Benoît). Dans la vie quotidienne, ce n’est pas seulement le père abbé, mais chaque frère qui peut mettre en pratique le conseil de saint Benoît, inspiré du livre du Siracide : « Fais tout avec conseil, et, la chose faite, tu n’auras pas à te repentir. » Mais apprendre à garder sa langue est un long chemin : « Bêtes sauvages et oiseaux, reptiles et animaux marins de tout genre sont domptés et ont été domptés par l’homme. La langue, au contraire, personne ne peut la dompter : c’est un fléau sans repos ! » (Lettre de saint Jacques).Pour nous aider dans le domptage de cet animal sauvage qu’est la langue, nous avons des lieux et des temps pour parler, et d’autres lieux et d’autres temps pour nous taire.

L’ascèse

Un style de vie sobre, des veilles astreignantes, une nourriture frugale, un travail exigeant, le silence… tout cela peut sembler pesant et inutile. Pourtant, l’ascèse est tout sauf une loi et des contraintes. Elle est bien davantage un état d’esprit, la réponse à la question : Comment puis-je exprimer ma préférence pour le Christ ?

Cette préférence est de l’ordre du choix stable où la fidélité à une règle de vie commune exprime l’accord des volontés. 

« Débiliter le corps par des veilles continuelles, mortifier la chair par des labeurs quotidiens, affaiblir la vigueur des membres par une nourriture des plus viles, cela n’est pas seulement très pénible, mais c’est manifestement contraire à cette charité que tu prônes avec tant d’ardeur… »

Ælred de Rievaulx, Le miroir de la charité

La Règle de Saint Benoît

Cette règle, écrite il y a 1500 ans, hérite de la ferveur des premiers moines, ermites au désert d’Égypte, enrichie par les premiers essais de vie commune. Elle apparaît comme une synthèse apaisée et équilibrée. Elle offre une alternance entre la prière, le travail et la lecture, elle tempère les rigueurs ascétiques, elle dispose les relations humaines autour des vertus maîtresses que sont l’humilité et la discrétions comme art de la « juste mesure ».
Son interprétation a beaucoup évolué au fil des siècles.
La réforme cistercienne est née d’une prise de conscience : ces évolutions, en donnant plus d’ampleur à la prière chorale, avaient fini par modifier substantiellement la mise en pratique de la règle. En fondant le Nouveau Monastère, les premiers cisterciens veulent retrouver la droiture de la Règle de Saint Benoît, l’équilibre prière-travail-lecture.
Aujourd’hui, c’est le père abbé qui est chargé de l’interprétation de la règle. Il établit cet équilibre en fonction des conditions communautaires et des aspirations de chacun.
Il ne peut l’interpréter que dans la mesure où il en est lui-même le serviteur.

Notre propos est de suivre le Christ, et pourtant, nous menons une vie très différente de la sienne. Mais justement, il n’a pas dit : « Faites comme moi ! », il a dit : « Venez à ma suite ! »

La Règle traduit dans le quotidien de la vie les moyens que l’on se donne pour apprendre à aimer Dieu et son prochain. Elle n’est pas un traité de vie spirituelle, car ce n’est pas en la lisant que le cœur se dilate, mais en la mettant en pratique dans l’atelier qu’est le monastère.

Que faisons-nous ?


La prière

« Priez sans cesse ! »

1ère lettre aux Thessaloniciens

Pourquoi tant prier ? Pour être avec Lui, pour cultiver une relation amoureuse avec Dieu.

Alors on peut recevoir le précepte de l’apôtre Paul, priez sans cesse ! comme un chemin de vie, simple et joyeux. En cultivant cette relation, le frère croit qu’il se fait proche de tous les hommes, porteur de leurs aspirations, cri de leurs détresses, chant de leur louange.

La relation avec une personne prend des formes différentes : conversation intime, partage d’un repas, promenade ou activité commune. Il en est de même pour la prière : la liturgie, la mémoire de Dieu et l’oraison et la lecture sont différentes formes d’une même relation.

La liturgie

L’eucharistie est la source et le sommet de toute vie chrétienne. Pour nous, ce mystère se déploie tout au long du jour dans la liturgie des heures qui est écoute et célébration commune de la Parole. Toutes les nuits, alors que le monde est encore plongé dans le sommeil, la communauté se lève et se rassemble pour célébrer l’office des vigiles. C’est là notre premier mouvement, au réveil. Signe de résurrection dans la nuit de la mort.

« Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera Ta louange ! »

Prière d’ouverture de l’office des Vigiles

Tous les soirs, alors que le monde bruisse encore de diversités et d’activités, la communauté se réunit pour célébrer l’office des complies et déposer tout ce qui a été accompli. Signe d’espérance par-delà le sommeil.

« Maintenant, ô Maître souverain,
tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta Parole,
Car mes yeux ont vu le Salut.. »

Cantique de Syméon, évangile selon saint Luc

Des vigiles aux complies, sept fois par jour, la communauté est réunie pour célébrer les louanges de Dieu, Lui présenter les souffrances des hommes, et, par le travail de l’obéissance, se laisser façonner à Son image.

L’Oraison

Toute relation est éminemment personnelle. Même si la forme première de notre prière est la prière liturgique commune, elle s’exprime aussi dans un cœur à cœur avec Dieu. Chaque frère vit ce cœur à cœur selon le don qui lui est propre, l’un s’adonnant au chapelet, l’autre laisse remonter la Parole qu’il a entendue, un troisième accueille la Présence dans le silence. A Cîteaux, nous avons l’habitude de prier ensemble, dans un même lieu et à une même heure pour nous soutenir dans le combat de la prière et afin que la diversité des dons reste au service de l’unité du corps.

La Vierge Marie est modèle de notre prière : avec elle nous parcourons la vie du Christ dans ses Mystères; comme elle, nous laissons la Parole habiter notre cœur; en elle et en nous, pour elle et pour nous, le silence devient Présence.

« Ils ont choisi pour Reine l’humble servante du Seigneur, la Vierge Mère. »

Hymnes pour les Saints Fondateurs

Le travail

« C’est alors qu’ils sont vraiment moines,
quand ils vivent du travail de leurs mains. »

Règle de saint Benoît

Le monastère est un atelier, les moines y sont des artisans. Comme pour des artisans, le travail est intégré à notre équilibre de vie, c’est pourquoi nous n’avons ni vacances ni retraite… L’activité est simplement ajustée aux âges de la vie. Les tâches sont variées : formation intellectuelle, accueil des hôtes, entretien de la maison. Notre principale source de revenus est une fromagerie* où nous transformons le lait de notre troupeau. Nous l’avons récemment remise à neuf pour suivre l’évolution des normes. Elle a été spécialement conçue pour concilier les exigences d’une fabrication fromagère et les horaires de la vie monastique.

Comme des artisans, nous voulons vivre du travail de nos mains. Cette exigence de résultat est la même que dans toute profession : le fromage doit être bon, le repas doit être prêt, les malades doivent être soignés. Confrontés à ces impératifs, nous portons aussi notre part de stress.
Toutefois, nous avons de bons outils pour y faire face. Bien que de forme industrielle, notre travail reste artisanal. Nous produisons ce dont nous avons besoin, en cultivant le goût d’un travail soigné : le respect porté aux choses de Dieu dans la prière s’exprime aussi dans l’attention aux objets dans la vie quotidienne.

« Il regardera tous les ustensiles
et tous les biens du monastère comme des ustensiles sacrés de l’autel
. »

Règle de Saint Benoît

Et surtout, l’entraide, la communion et l’humilité sont les meilleurs moyens de vivre l’efficacité dans la paix. Pas de position de pouvoir à préserver là où l’autorité est un service. Pas de faute, là où l’erreur est reconnue dans l’humilité. Pas de compétition là où tout est mis en commun : l’argent, mais aussi les compétences, la bonne volonté et même les coups de fatigue. Ces outils sont nos plus sûrs placements. Leur fruit est d’abord spirituel : paix et joie. Tôt ou tard, les fruits sont aussi matériels : une saine économie.

« Cherchez d’abord le Royaume des Cieux et sa justice,
et tout le reste vous sera donné par surcroît
. »

Évangile selon Saint Matthieu

Cette priorité accordée à la prière nous rend libres par rapport au travail : sept fois par jour, le travail cède la place à la prière, parce qu’elle est notre premier travail.

La lectio divina

« Quand tu pries, tu parles à Dieu,
quand tu lis, c’est Dieu qui te parle
. »

St. Augustin, commentaire sur le Psaume 85

Chaque matin, après l’office des vigiles, de 5h à 7h, nous nous rendons au scriptorium pour pratiquer la lectio divina (lecture divine). C’est une forme de lecture lente, priante, « ruminante » et méditative de la Parole de Dieu (la Bible dans son ensemble) ou de textes d’auteurs chrétiens anciens ou contemporains.

« Écoute, mon fils ( premiers mots de la règle de saint Benoît)… tu parviendras (dernier mot de la règle)
Obsculta, o fili,… pervenies. Ame
n »

Règle de Saint Benoît

Ou pour le dire autrement : « Si tu écoutes, tu parviendras »
La lectio divina est une attitude plus qu’un exercice de piété. Il s’agit d’une éducation : celui qui s’adonne à la lectio est conduit hors de lui-même.

Si tu apprends à scruter un texte, si tu es attentif à ses détails, alors tu pourras aussi apporter du soin à ton travail : la lectio est la meilleure école pour apprendre à faire du bon fromage !

Si tu apprends à écouter un auteur, à discerner ses préoccupations, alors tu pourras aussi mieux écouter ton frère : la lectio est la meilleure école pour apprendre à aimer.

Si tu te laisses conduire, reprendre, instruire par la Parole, alors tu pourras aussi voir ton endurcissement, assouplir tes pensées, mesurer la distance entre toi et le monde qui t’entoure : la lectio est la meilleure école pour apprendre à te convertir.

Vocation monastique ?


« Qui donc aime la vie et désire les jours où il verra le bonheur ? »

Psaume 33

Le SEIGNEUR, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère et plein d’amour, appelle chaque homme au bonheur. Il est avec nous pour nous libérer, afin que nous ayons la vie en abondance.
Cet appel –  ou vocation (du latin vocare, appeler), Jésus-Christ l’adresse inlassablement aux baptisés en leur disant « Suis-moi ! ». La vie monastique est une réponse franche et confiante à cet appel du Christ. Le moine se lève et marche – voire court ! – sur les chemins de l’Évangile – avec ses frères, à la suite du Christ. Il vit sa vocation baptismale et les préceptes évangéliques dans un don généreux et total de sa vie.

1ère étape
Découvrir la vie monastique : venez, vous verrez !


Si la vie monastique vous intéresse, venez d’abord la découvrir :

2ème étape
Rencontrer la communauté des moines de Cîteaux


Votre intérêt persiste, votre désir se précise ? Vous avez rencontré  le maître des novices ? Un séjour (ou plusieurs séjours) au sein-même de la communauté (en clôture) est envisageable.  Pour une durée allant de quelques jours à plusieurs mois, il s’agira alors de vivre la vie monastique de l’intérieur, de partager tous les aspects de la vie quotidienne des frères, et de poursuivre le discernement de votre appel en étant accompagné par le maître des novices.

Durant cette phase d’observation, le candidat à la vie monastique est dit « regardant ». S’il souhaite « entrer au monastère », c’est-à-dire commencer vraiment la vie monastique et y persévérer toute sa vie durant, on lui demandera de retourner vivre quelque temps dans son milieu « normal » après avoir passé un ou plusieurs séjours en communauté.

3ème étape
Discerner l’appel du SEIGNEUR


Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. »

Livre de la Genèse

Le postulat
(1 an)

Ayant décidé de chercher Dieu dans la vie monastique, le regardant devient postulant. Il se rend libre à l’égard de son emploi, et de ses divers engagements et relations dans le monde, après quoi, il fait son entrée au monastère. Dès lors, il commence à vivre comme un moine avec l’aide du maître des novices et de ses frères.

Le postulat est la première année à l’école du service du Seigneur, durant laquelle le postulant s’adapte progressivement à un nouveau genre de vie, tant dans ses aspects personnels que communautaires. Il reçoit alors une initiation à la spiritualité monastique et participe à la plupart des exercices communautaires (liturgie, travail manuel, réunions, formations). Attentif à la présence de Dieu, il s’applique à discerner son appel, notamment grâce à l’accompagnement spirituel du maître des novices.

Le noviciat
(2 ans)

Décidé à poursuivre, le postulant est admis au noviciat et reçoit alors le nom de « frère » ainsi que l’habit monastique des mains du Père Abbé selon la coutume de l’Ordre. Cet habit signifie son appartenance à la communauté de ses frères et à celle de l’Ordre, ainsi que le désir de consacrer sa vie au Christ. Durant deux ans, il poursuit la formation commencée pendant le postulat et continue à chercher Dieu en s’appuyant sur l’accompagnement spirituel du maître des novices.

Prise d’habit de Frère Arnaud, entouré d’un novice et d’un postulant

4ème étape
S’engager librement et progressivement


Un amour véritable ne saurait être éphémère. Sa valeur-même se révèle dans la fidélité, dans la durée. La vie monastique est une réponse libre et dans la foi à la promesse d’amour du Christ. Amoureux de Dieu, le moine cherche sans cesse à approfondir cette relation d’amour avec le Seigneur dans toutes les circonstances de sa vie, dans l’allégresse du désir spirituel, comme dans les épreuves qu’il partage avec l’humanité entière. Aussi, celui qui persévère s’engage-t-il publiquement à poursuivre sa route avec le Christ par la voie monastique, d’abord pour une durée déterminée, puis, s’il le désire, pour toujours. Cet engagement est appelé « profession » (au sens de « déclaration »). Il doit être pris librement par celui qui aura acquis la maturité suffisante et accompli le discernement nécessaire durant le postulat et le noviciat. Nul ne peut le forcer, ni même l’inciter à prendre (ou à ne pas prendre) un tel engagement.

Session de formation de novices et profès temporaires

La profession temporaire et le monasticat
(3 ans)

Avant de s’engager définitivement dans la vie monastique, le jeune frère s’engage une première fois devant la communauté en prononçant des vœux temporaires. Ces vœux – de stabilité, de conversion de vie (impliquant pauvreté et chasteté – notamment dans le célibat) et d’obéissance – sont les mêmes que ceux de la profession solennelle ; ils diffèrent seulement par leur durée temporaire (trois ans, ou un an renouvelable deux fois). À cette occasion il reçoit le scapulaire noir et la ceinture de cuir traditionnels.

Durant une période d’au moins trois ans, appelée « monasticat », le jeune profès, approfondit sa formation. Celle-ci est adaptée à ses aptitudes et aux besoins de la communauté.

La profession solennelle pour toujours !

Au terme de la période des vœux temporaires, le frère peut demander à faire profession solennelle publiquement selon la formule suivante :

« Moi, frère N., je promets stabilité, conversion de vie et obéissance jusqu’à la mort selon la Règle de saint Benoît, devant Dieu et tous ses saints, en ce monastère de Cîteaux, de l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance, construit en l’honneur de la bienheureuse Marie, Mère de Dieu et toujours Vierge, en présence de Dom N»

Rituel de la profession solennelle

Au cours du rite de profession accompli durant une messe solennelle et publique, il est revêtu de la coule blanche, habit spécifiquement monastique, qui signifie sa consécration totale au Christ et son incorporation définitive à l’Ordre.

« Que ta promesse me soutienne, et je vivrai : ne déçois pas mon attente. »

Psaume 118

5ème étape
Persévérer dans l’amour pour la vie, la Vie éternelle !


Communauté en 2006. Au premier rang, des frères convers, des novices et des profès

Qui de plus autorisé que Notre Père Saint Benoît pour décrire comment le moine est appelé à poursuivre son pèlerinage terrestre et à entrer dans la joie de son Seigneur ? Écoutons-le !

« C’est pourquoi nous voulons organiser une école pour apprendre à servir le Seigneur. Dans cette école, nous l’espérons, nous n’imposerons rien de dur, rien de pénible. Pourtant, il y aura peut-être des choses un peu plus difficiles pour des raisons justes. En effet, il faut bien corriger les défauts et garder l’amour entre les frères. Mais ne te laisse pas tout de suite troubler par la peur et n’abandonne pas le chemin du salut. Au début il est toujours étroit. Mais, à mesure qu’on avance dans la vie religieuse et dans la foi, le cœur devient large. Et l’on se met à courir sur le chemin des commandements de Dieu, le cœur rempli d’un amour si doux qu’il n’y a pas de mots pour le dire. Ainsi, nous n’abandonnerons jamais Dieu, notre maître, et chaque jour, dans le monastère, jusqu’à la mort, nous continuerons à faire ce qu’il nous enseigne. Alors, par la patience, nous participerons aux souffrances du Christ et nous mériterons ainsi d’être avec lui dans son Royaume. Amen. »

La famille cistercienne


Aujourd’hui, on parle volontiers de la famille cistercienne car, au cours des siècles, les divisions linguistiques, politiques et culturelles se sont immiscées dans l’unanimité cistercienne. C’est pourquoi aujourd’hui, les moines et moniales cisterciens forment plusieurs ordres et congrégations : l’Ordre Cistercien (OCist), l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance (OCSO), dont l’abbaye de Cîteaux fait partie et les congrégations de Bernardines. À ces instituts religieux, il faut ajouter le dernier-né de la famille cistercienne : les groupes de laïcs cisterciens.

Lors de l’anniversaire de la fondation de Cîteaux, en 1998, cisterciens et cisterciennes de toutes obédiences se sont retrouvés à Cîteaux, leur lieu source, heureux de se redécouvrir comme une famille. Une communion de charité qui s’établit par-delà les distinctions.

Ordre de Cîteaux (OCist)

L’Ordre cistercien est héritier du premier Cîteaux par des abbayes prestigieuses, en particulier en Allemagne et en Autriche. Ces pays ont été relativement épargnés par la tourmente révolutionnaire. Ainsi, dans certaines abbayes la vie monastique n’a jamais été interrompue depuis la fondation. Toutefois, au XVIIIe siècle, l’empereur Joseph II d’Autriche a forcé ces monastères à exercer une activité pastorale, sous peine d’être fermés. C’est pourquoi l’Ordre cistercien regroupe des monastères divers, qui ont la charge d’écoles, de paroisses ou d’hôpitaux. En conséquence, la formation intellectuelle est largement favorisée. D’autres monastères de cet ordre mènent une vie intégralement contemplative. Pour prendre en compte cette diversité, l’Ordre cistercien est organisé en différentes congrégations.

Ordre Cistercien de la Stricte Observance (OCSO)

L’abbaye de Cîteaux est une maison de l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance (OCSO). Après la tourmente révolutionnaire, des moines et moniales rescapés ont repris la vie monastique de manière dispersée. En 1892, les congrégations cisterciennes dans la tradition de la réforme de la Trappe se sont réunies pour donner naissance à l’Ordre des Cisterciens de la Stricte Observance. Cet Ordre monastique est intégralement ordonné à la contemplation. Ce sont ces moines qui ont racheté le site de Cîteaux, y implantant une communauté en 1898. Nous sommes les « descendants » de ceux-ci.

Depuis septembre 2011, un seul chapitre général, rassemblant tous les abbés et abbesses de l’ordre, exerce le service de l’autorité. Pour l’assister dans sa charge et assurer un suivi entre les sessions, le chapitre général élit un abbé général.

Les Bernardines

La place des moniales dans la famille cistercienne a été marquée historiquement par une grande diversité de statuts. Plusieurs congrégations de sœurs sont héritières de la spiritualité de Cîteaux et de saint Bernard. Ces congrégations sont très liées avec les pays qui les ont vues naître. 

Les Bernardines d’Esquermes ont plusieurs monastères dans le nord de la France et exercent une activité enseignante. Les Bernardines d’Oudenaarde sont présentes particulièrement en Belgique et en Afrique équatoriale. Elles sont actives dans l’enseignement. 
En Espagne, la congrégation de Las Huelgas entretient des liens avec l’Ordre des Cisterciens de la Stricte Observance. 
En Italie, ce sont les cisterciennes de la charité.

Les laïcs cisterciens
Association internationale des Communautés de Laïcs

Dans les années 1990, des laïcs se sont sentis appelés à vivre selon le charisme cistercien tout en restant dans le monde : célibataires ou mariés, ils ont trouvé chez les pères cisterciens des maîtres de vie spirituelle et partagent notre idéal de prière et de simplicité évangélique. La vie cistercienne étant éminemment une vie commune, cette aspiration à vivre selon le charisme cistercien se traduit par l’entrée dans un groupe. La dimension monastique du charisme cistercien est vécue par ces groupes de laïcs au moyen d’un rattachement à un monastère de référence.

Les différents groupes de laïcs sont rassemblés dans une organisation internationale en lien avec l’ordre des cisterciens de la stricte observance. Aujourd’hui, moines et laïcs cherchent ensemble les modalités de leur coopération.

Deux groupes cheminent avec l’abbaye de Cîteaux :

Près de Cîteaux

Ses membres trouvent dans la spiritualité cistercienne un soutien spirituel et fraternel en s’appuyant sur les repères que donnent la Règle de saint Benoît dans la Tradition cistercienne.
Une charte a été signée entre Près de Cîteaux et la Communauté monastique représentée par son Abbé. Des statuts ordonnent la vie du groupe. Près de Cîteaux est reconnu aussi par  l’Association internationale des Communautés de Laïcs rattachés à des Monastères cisterciens.
Les membres se réunissent à l’Abbaye au rythme de quatre à cinq week-ends par an, et un temps fort vécu parfois dans un autre Monastère. De plus, pour ceux qui le peuvent, des rencontres sont proposées en sous-groupes entre les week-ends. Des étapes d’engagement sont célébrées selon le désir et le rythme propre à chacun.

Contact

Bernadette ANTOINE

99 rue Vayringe, 54000 NANCY

La Grange de Clairvaux

Sa particularité est d’avoir un lieu de référence, une ancienne grange cistercienne à proximité de l’abbaye de Clairvaux, dans l’Aube.

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